Édito : "la jeunesse et le secteur numérique au service du développement durable"

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Avec trois quarts des personnes âgées de 15 à 24 ans connectées en 2022-un taux supérieur à celui des autres groupes d’âge - les jeunes mènent la charge en matière d’adoption et d’innovation numériques.

Par Guy Martial OBANGUE, Expert Digital et Marketing

LIBREVILLE(Plusinfos)-La numérisation transforme notre monde et offre des possibilités sans précédent d’accélérer le développement durable. Les technologies numériques telles que les appareils et services mobiles et l’intelligence artificielle contribuent à faire progresser les objectifs de développement durable (ODD). Les données générées par les interactions numériques soutiennent la prise de décision fondée sur des données probantes.

Le thème de la Journée internationale de la jeunesse 2024 (12 août) est « Des clics au progrès : les parcours numériques des jeunes pour le développement durable ». Ce thème met en évidence le lien essentiel entre la numérisation et l’accélération des progrès vers les Objectifs de développement durable (ODD), en insistant sur les contributions cruciales des jeunes dans ce processus de transformation.

Le digital pourrait aider à atteindre les objectifs du millénaire pour le développement… à condition que la formation en la matière soit bien faite.

Avec trois quarts des personnes âgées de 15 à 24 ans connectées en janvier 2024, il y avait 5,35 milliards d’internautes dans le monde, soit 66,2 % de la population mondiale - un taux supérieur à celui des autres groupes d’âge - les jeunes mènent la charge en matière d’adoption et d’innovation numériques. Toutefois, des disparités persistent, en particulier dans les pays à faible revenu et parmi les jeunes femmes, qui ont souvent moins accès à l’internet et aux compétences numériques que leurs homologues masculins. À l’approche de l’échéance de 2030 pour la réalisation des objectifs de développement durable, le rôle des jeunes dans l’innovation numérique est essentiel pour résoudre les problèmes mondiaux.

En célébrant les contributions numériques des jeunes, nous pouvons inspirer davantage d’innovation et de collaboration en vue de parvenir à un développement durable.

La transformation numérique est l’une des six transitions clés ayant des « effets catalyseurs et multiplicateurs sur l’ensemble des ODD » et un déterminant important pour la réalisation des Objectifs. Les technologies telles que les appareils mobiles, les plateformes numériques et les innovations émergentes telles que l’intelligence artificielle jouent un rôle crucial dans la progression des ODD. Les données générées à partir de chaque interaction numérique sont fondamentales pour la transformation numérique, permettant une prise de décision fondée sur des preuves. On estime que les technologies et les données numériques contribuent à au moins 70 % des 169 cibles des ODD, entraînant un impact profond sur leurs dimensions économiques, sociales et environnementales.

Alors que des défis tels que la fracture numérique persistent, les jeunes sont souvent considérés comme des « natifs du numérique », étant à l’avant-garde de l’adoption et de l’innovation des nouvelles technologies. Ils constituent le plus grand groupe démographique d’utilisateurs et de développeurs qui façonnent les tendances numériques à l’échelle mondiale. À l’approche de l’échéance de 2030 pour les ODD, les jeunes restent un groupe démographique essentiel pour exploiter le pouvoir transformateur des technologies afin de relever les défis mondiaux.

L’idée reçue que les jeunes seraient tous à l’aise avec les équipements découle selon Éric Bruillard d’une gêne des adultes, qui sont obligés d’admettre qu’ils sont moins à l’aise avec les technologies que leurs enfants/élèves, et donc leur octroient des compétences numériques innées (digital natives).

Or cela est faux, tous les jeunes ne maîtrisent pas les technologies, leur rapport au numérique dépend de variables sociale et psychologique.

Les technologies sont un réel marqueur générationnel. Chaque génération est née avec des technologies/cultures numériques différentes. Les nouvelles générations ont développé une culture de la découverte alors que les anciennes générations ont plutôt une culture du mode d’emploi.

Les jeunes ont la capacité à apprendre rapidement, ce que les équipes marketing ont bien compris, en diffusant l’idée que les technologies sont intuitives, ce qu’elles ne sont pas. Le système éducatif, conscient de ces nouvelles capacités, se transforme mais attention de ne pas confondre apprentissage et dressage. En effet, lorsqu’il s’agit des usages du numérique, nous tombons dans une culture de l’immédiateté impulsée par les outils numériques.

Eric Bruillard parle d’un manque d’enseignement de techniques favorisant l’apprentissage. Cela conduit à un manque de compétences, à des mimétismes de la part des élèves et non pas à une réelle compréhension des mécanismes derrière les technologies, d’où des difficultés à les utiliser en dehors du côté communautaire, ludique et consumériste.

Nés avec l’avènement de l’ère numérique, les jeunes seraient naturellement dotés des compétences nécessaires pour utiliser les nouvelles technologies. Au-delà du cliché, la réalité est bien plus contrastée. La capacité des adolescents à maîtriser ces nouveaux outils dépend beaucoup de leur milieu d’origine et de leur entourage familial.

L’usage scolaire doit donc permettre une prise de recul, un temps de réflexion avant l’usage de technologies numériques. L’École et les autres temps éducatifs peuvent se permettre de prendre le temps, de détourner les technologies, les explorer sans risque, dans un milieu sécurisé et sécurisant.

Seuls 21% des étudiants ont atteint les deux niveaux supérieurs de l’échelle C.I.L (Computer and Information Literacy), montrant ainsi qu’ils avaient la capacité de travailler de manière autonome lorsqu’ils utilisaient l’ordinateur comme outil de collecte et de gestion de l’information ;

Seuls 2 % des élèves ayant participé à l’étude ont atteint le plus haut niveau de compétence en matière de C.I.L, montrant qu’ils pouvaient exercer un contrôle et un jugement évaluatif lors de la recherche d’informations en ligne et de la création de présentations informatives.

En moyenne, les élèves issus de milieux socio-économiques plus élevés (mesurés par la profession des parents, le niveau d’éducation des parents et le nombre de livres à la maison) ont obtenu des résultats significativement plus élevés au C.I.L.

La Toile, un univers à risques

Sur la Toile, personne n’est toutefois à l’abri de tomber sur des images violentes ou choquantes (pornographie, par exemple) sans les chercher activement. Pour les jeunes en particulier, la prudence s’impose face aux pratiques de « sextorsion » et de « cybergrooming ». Via les réseaux sociaux ou les jeux en ligne, des personnes malveillantes tentent de gagner la confiance de leurs jeunes victimes pour les faire chanter ou abuser sexuellement d’elles. Le cyberharcèlement est une autre dérive à laquelle il faut prendre garde. Internet peut aussi être le lieu d’incitation à des pratiques dangereuses (anorexie, scarification, incitation à la haine) ou de familiarisation à des produits illicites pour les mineurs par le biais de publicité indirecte ou de placement de produits. Quant aux jeux gratuits (free-to-play) dans lesquels on donne, à un moment donné, la possibilité aux joueurs de payer pour pouvoir avancer dans le jeu ou gagner des vies, ils sont l’antichambre des jeux d’argent, selon les spécialistes.

Ce que je conseille :

Le numérique n’est pas une simple question technique, elle est aussi culturelle. Il faut mettre en place des lieux d’échanges autour du numérique et des usages.

L’école doit permettre une certaine prise de distance par rapport aux technologies, les élèves doivent expérimenter des phases de production (création de site web, montage d’une vidéo, réalisation de tâches concrètes sur un tableur) et non pas seulement de consommation.

Elle doit également permettre un usage tourné vers la performance mais, dans un univers plus critique, plus détourné. Cela est essentiel à l’apprentissage.

Aussi, l’approche par le droit (dire ce qui est permis, interdit par la loi) n’est pas bonne pour renforcer la maîtrise des outils technologies. Il faut plutôt mener les jeunes à les utiliser, voire les détourner dans différents contextes, dans un cadre sécurisé, pour ensuite en tirer différents apports pédagogiques.

Le rôle de l’école est d’ouvrir les possibles !

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