Livre : le Procureur Eddy Minang produit "Crimes rituels en Droit pénal gabonais"

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Se définissant comme « meurtre avec prélèvement d’organes » dans le code pénal gabonais, le crime rituel est un phénomène qui prend des proportions inquiétantes dans le pays.

LIBREVILLE(Plusinfos)-Le Dr Eddy Minang, procureur général adjoint de la Cour de cassation, a présenté, ce vendredi, un livre intitulé : « les crimes rituels au Gabon : approche criminologique et judiciaire du phénomène ». L’ouvrage fait le diagnostic d’un fléau devenu un problème de société au Gabon.

Il existe des réalités effrayantes difficiles à comprendre en raison de leur brutalité. Parmi celles-ci figurent les crimes ou sacrifices rituels commis au Gabon et, en Afrique pour prélever des organes humains dans le cadre d’un rituel lié à un
culte déterminé. Il s’agit surtout d’une pratique d’inspiration animiste, commandée généralement par des personnes qui jouissent d’un certain pouvoir économique ou politique et qui souhaitent le préserver en vertu de telles pratiques occultes.

"Cet ouvrage est le fruit d’un long combat et de recherche. il permet de questionner les aspects historique, économique et social du condamné par la justice gabonaise qui n’a jamais mené à terme ses investigations sur les crimes rituels. C’est pourquoi, des efforts doivent être mutualisés, pour aboutir à une solution efficiente définitive", a-t-il déclaré.

Qualifié par l’auteur d’holocauste équatorial, l’ouvrage a pour objectifs principaux, de faire réfléchir sur ces pratiques qui consistent de "tuer impunément" des personnes, en prélevant des organes (yeux, langue, testicules, vagin, etc). Selon le magistrat hors-hiérarchie, ce phénomène macabre dépasse le cadre de simple fait divers. Il connait, cependant, des pics réguliers à certaines périodes en atteignant des sommets de barbarie immonde. Les périodes électorales et, les moments dits d’attente des nominations représentent le pic.

Abordé sur le plan sociologique et anthropologique sans que ceci ne fasse pas l’objet d’une étude juridique d’envergure, "ce livre qui a été bien documenté, répond aux exigences académiques les plus élevées venant ainsi combler ce vide". La notion de « crimes rituels » n’ayant pas de connotation juridique, le législateur gabonais privilégie alors d’autres termes comme « transaction portant sur des restes ou ossements humains », « cession de chair humaine ».

"Ce travail m’a permis de quantifier et de qualifier ces crimes rituels au Gabon qui ont pris des proportions inquiétantes. Ce qui donne des obstacles morphologiques lorsque celui-ci devient tabou", a poursuivi l’auteur du livre, le procureur général adjoint de la Cour de cassation, Dr Minang.

L’expression "crime rituel" est apparue dans le pays à partir des années 1970. Elle englobe différentes catégories d’agissements à caractère rituel : les sacrifices humains, qui se caractérisent spécifiquement par le retrait d’organes à partir desquels on façonne amulettes et fétiches ; la profanation de tombes et cadavres pour les mêmes finalités ; les viols et les agressions incestueuses à caractère rituel, très diffusés et couverts par le silence ; on constate également des violences sexuelles sur les albinos et sur les jeunes filles

Le phénomène des crimes rituels met en lumière « l’éternel paradoxe gabonais » qui, d’abord exprimé en matière économique, peut également être dressé en ce qui concerne le cadre juridique de protection des personnes

L’auteur conclue son ouvrage en analysant les rapports entre les crimes rituels et le droit pénal gabonais. Qu’il s’agisse de l’impunité, de la tolérance ou de la cohésion sociale de leur répression et parfois aussi étonnant que cela puisse paraître, de la promotion afin d’appréhender les enjeux juridiques et d’en dégager les traits communs avec cette pratique rituelle de sacrifice. C’est pourquoi, dit-il, "il faut réduire les faiblesses constatées dans la justice gabonaise afin d’améliorer l’accès équitable de tous les citoyens devant la loi".

Face à ce que certaines associations telles que l’Association de lutte contre les crimes rituels qualifie de véritable fléau, l’impunité semble être la règle. En effet, les corps des victimes ne sont plus retrouvés, la dissimulation, voire la réduction des corps en « pièces détachées » deviennent régulières et alimentent le trafic d’organes ou les pratiques d’anthropophagie. La question de l’imputabilité de l’infraction est alors compromise. En cela, la législation pénale gabonaise se trouve face à un défi considérable dont la résolution dépend étroitement de son efficacité en matière d’investigations et de son effort de modernisation.

"Il faut que les auteurs de ces crimes rituels soient punis. IL faut l’implication de toute la population gabonaise si nous voulons voir ce fléau éradiquer dans notre pays en condamnant ces principaux commanditaires", a déclaré le président de l’Association nationale de lutte contre les crimes rituels (ANCR), Jean Ehis Ebang-Ondo, invité à cette présentation.

Magistrat hors hiérarchie, Eddy Minang est né le 18 Mai 1972, d’une famille nombreuse, dans la province du Woleu-Ntem, au Nord du Gabon. Il est major de la promotion de 1995 de l’Ecole nationale de la magistrature de Libreville. Il a servi dans plusieurs juridictions du pays. Notamment celle de procureur général près les cours d’appel d’Oyem et de Franceville, durant dix ans cumulées, avant d’être promu procureur général adjoint près la Cour de cassation. Il est également enseignant vacataire. Il est auteur de plusieurs articles scientifiques. Et, il est membre à l’Institut de criminologie et de droit pénal de Paris.

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